L’histoire de l’icône est fort complexe, voici quelques points de repère.

Les chrétiens ont peint des icônes depuis l’antiquité tardive dans l’Empire romain, puis dans l’Empire romain d’Orient. L’icône a rayonné dans ces pays et régions actuels : Albanie, Arménie, Biélorussie, Bosnie, Bulgarie, Chypre, Égypte, Éthiopie, Géorgie, Grèce, Italie, Liban, Macédoine, Moldavie, Monténégro, Palestine, Roumanie, Russie, Serbie, Syrie, Ukraine…

La période ancienne

Les premières icônes sont apparues dès les débuts de l’ère chrétienne, entre autres dans les catacombes romaines, sous forme de peintures murales.

La résurrection de Lazare, Rome, 3e s.

L’icône prend un nouvel essor aux IVe et Ve siècles, comme support de christianisation.

Les icônes en mosaïque de Ravenne datent des Ve et VIe siècles.

Les Rois Mages, Ravenne, Italie, 6e siècle

Les plus anciennes icônes sur bois qui sont parvenues jusqu’à nous datent des VIe et VIIe siècles et ont été peintes sur bois à l’encaustique (pigments mélangés à de la cire d’abeille). Certaines sont conservées au monastère Sainte-Catherine du Sinaï, en Égypte.

Les périodes iconoclastes

En 691-692, le Concile in Trullo interdit la représentation symbolique du Sauveur. Seules les représentations du Christ “suivant sa nature humaine” sont autorisées.

De grands débats ont lieu sur la théologie de l’icône.

Au VIIIe siècle, de nombreuses catastrophes naturelles et militaires s’abattent sur l’Empire byzantin. L’empereur et ses conseillers, persuadés que ces malheurs trouvent leur cause dans l’idolâtrie, interdisent toute reproduction humaine du Christ, puis toute image sainte, pour s’attirer les faveurs divines. Pendant la première période iconoclaste byzantine (726-780), la quasi-totalité des icônes est détruite (iconoclaste = briseur d’images).

En 780, la régente et les empereurs suivants prisent les icônes, qui sont à nouveau autorisées.

Puis s’ensuit encore une période de nombreuses défaites militaires. En 813, un nouvel empereur rétablit l’iconoclasme, les icônes sont à nouveau détruites.

En 843, une nouvelle régente rétablit le culte des images.

L’icône médiévale

La séparation entre les Églises d’Orient et d’Occident, ou Grand Schisme d’Orient pour les catholiques, date de 1054. Tout au long des sièles qui suivent, l’iconographie à Byzance/Constantinople reste extrêmement riche, mais à diverses périodes, les iconographes fuient Constantinople pour la Russie.

Divers styles d’iconographie cohabitent et se succèdent. Tantôt les représentations sont très figées, stylisées, tantôt elles sont paisibles et monumentales, tout en harmonie et en nuances.

L’école de Novgorod s’épanouit dès le XIe siècle. Les icônes sont pour la plupart réalisées selon la technique a tempera.

Les XIIe et XIIIe siècles sont prolifiques. L’icône de Notre-Dame de Vladimir date de cette époque. On se met à représenter la vie des saints, ou hagiographie.

Icône de la Vierge de Vladimir, 12e s.

L’aptitude du peintre à représenter l’élévation d’esprit du saint qu’il représente prime sur la représentation de ses traits physiques. Un philosophe russe du début du XXe siècle a dit : l’icône est “une contemplation en couleur”.

L’âge d’or de l’icône

Aux XIVe et XVe siècles, on se met à représenter des scènes bibliques, la symbolique se complexifie. La lumière prend de plus en plus d’importance, reprenant l’idée de la transfiguration du monde par la lumière divine. C’est la période des grands registres russes et de Théophane le Grec, puis d’Andreï Roublev et Dionisius, ses élèves. L’iconographie russe se distingue dorénavant nettement de l’iconographie byzantine.

Andreï Roublev, La “Trinité”, 15e s.

Au XVIe siècle, l’école crétoise se distingue, jusqu’à l’invasion par les Turcs.

Jusqu’à nos jours

Depuis le XVIIIe siècle, la peinture à l’huile a tendance à remplacer la tempera.

Après la révolution de 1917, de nombreuses icônes furent détruites ou vendues ; heureusement, certaines survécurent comme témoignage de l’art russe ancien et entrèrent dans les grands musées. Les émigrés russes jouèrent un rôle important dans la sauvegarde et la restauration des icônes anciennes.

D’après Wikipedia et d’autres sites