La voie de l’icône

Christ Pantocrator, XIIe siècle

Ce qu’est une icône, ce qu’elle n’est pas

Une icône n’est pas une œuvre d’art. Elle n’a pas pour but d’être exposée pour devenir un objet d’admiration esthétique. C’est un support de concentration, de méditation, de prière. Elle peut pour certaines personnes incarner une présence apaisante, bienfaisante.

Elle exprime la Foi en Dieu pour celles et ceux qui ont la Foi, la beauté de la Création, un lien sacré avec la Vie ou avec quelque chose de plus grand que soi pour ceux qui ne croient pas en Dieu.

Notre professeur nous dit que l’iconographe ne cherche pas à réaliser une icône parfaite. Bien sûr, l’icône est belle pour honorer celui ou celle qu’elle représente, mais avant tout, elle veut être “priante” – elle invite à la prière ou à la méditation, au retour sur soi, à l’expression de la gratitude, elle invite à la spiritualité.

Un chemin vers la spiritualité dans la création

Je suis d’origine protestante, non croyante, non pratiquante. Depuis l’adolescence, je lis la Bible comme le Coran, la Bhagavad-Gîtâ, les écrits taoïstes et bouddhistes, je m’intéresse aux spiritualités des peuples premiers, à la mythologie.

Je cherche à connaître et à comprendre les croyances qui motivent profondément les gens dans leur vie et tout ce qui touche à la foi, religieuse ou non, y compris en ce qui concerne la santé, la maladie et la guérison. Par empathie ou par contraste, cela m’aide à me connaître moi-même.

Je m’intéresse tout autant à la science, particulièrement aux sciences du cosmos et de la matière. Loin de nourrir mes certitudes, ces sciences renforcent mes questionnements essentiels.

La source de la foi est peut-être inconnaissable

J’ai observé des phénomènes de foi, d’intuition, de guérison, de réception d’information, de contact avec “quelque chose”, ou “quelqu’un”, qui avaient lieu en dehors d’un contexte religieux, y compris chez des personnes athées, et j’en ai déduit que ce que l’on décrit comme un “ailleurs”, pour ne pas dire un “au-delà” à connotation chrétienne, a vraisemblablement une existence, une réalité, indépendante des religions.

D’après ce que j’observe et entends, les religions sont une mise en forme, en mots, en rituels, de la foi et des croyances, elles sont créatrices de lieux de foi partagée et de communautés rassemblées autour de croyances communes, elles sont des lieux d’expression de la spiritualité, mais elles ne sont pas à l’origine de la foi : la vie spirituelle prend sa source en amont et en dehors d’elles.

Fra Angelico, Vierge à l’Enfant, vers 1450.

La contemplation de l’art sacré

J’ai vécu en Crète et fait connaissance là-bas avec la religion orthodoxe, sa liturgie – et les icônes. Les arts sacrés et religieux du Moyen-Âge et de la Renaissance me touchent énormément. Je me sens chez moi lorsque j’erre dans les premières salles de la Pinacothèque de Brera à Milan ou de l’Accademia de Venise. J’ai pleuré devant une Vierge à l’Enfant de Fra Angelico exposée au musée Jaquemart-André à Paris.

Une voix trouvée

Il y a quelques années, j’étais assise dans la cathédrale de Bourges à proximité de la statue de saint Ambroise, qui est quelqu’un de très particulier pour moi. Ce jour-là, comme chaque fois à proximité de saint Ambroise, j’ai complètement perdu la notion du temps et, à un moment donné, est monté en moi le sentiment d’être prête. Prête à quoi, je ne le savais pas, mais j’ai prononcé en silence très distinctement, à plusieurs reprises, en direction “d’en haut” : “Je suis prête, je suis prête ; faites de moi ce que vous voulez, c’est OK, je suis là.”

Quelque temps après, j’ai commencé à fréquenter l’atelier d’iconographie de Paris Ateliers, place Souham. Je ne me souviens plus comment j’ai trouvé l’information concernant cet atelier ni pourquoi, parmi une dizaine d’ateliers qui auraient pu m’intéresser, j’ai choisi celui-ci sans réfléchir, sans même considérer les autres.

Un “art” plus grand que soi

J’ai commencé à peindre des icônes avec une grande joie. Par le passé, j’avais peint des fleurs et des paysages. Mais faire des icônes, j’ai vite compris que c’était autre chose que peindre des fleurs. Il s’agit plus de méditation ou de prière que d’activité artistique.

A l’atelier, Georges Drobot et Josianne Tcheurekdjean nous enseignent la technique classique de l’iconographie orthodoxe russe et nous transmettent la signification qu’a pour eux ce travail d’écriture sacrée. Ils nous aident à transcrire dans le dessin et dans les valeurs des couleurs la dimension spirituelle que nous voulons exprimer.

Face à moi-même

Lorsque je travaille sur une icône, je suis comme abstraite du reste de ma vie. L’icône apparaît progressivement sur la planche sans que je puisse tout maîtriser. Je suis dans une conversation, un dialogue avec celui ou celle que je “représente”, surtout lorsqu’il s’agit du Christ ou de la Vierge, la Mère de Dieu.

Avec certaines icônes, à un moment donné, il se passe quelque chose de très fort en moi, une grosse émotion monte, parfois des larmes. Alors je sais qu’elle est “là”.

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